Kaw, Trésor et la crique Gabrielle

Après une nuit seulement troublée par les averses et les zébus, nous nous lançons à la découverte du village de Kaw, armés de nos tongs (qui ont l'avantage de sécher vite) et de nos ponchos. Nous avons vite fait de faire le tour du bourg sous la pluie battante, et des photos valent mieux qu'un long discours.

A priori, selon l'écriteau, cet appareil fonctionne (avec une carte prépayée). Vous pouvez toujours essayer...

Rue principale, avec l'hôtel (qui est un fake, le panneau a été posé pour le tournage d'un film, et n'a pas été enlevé), et au fond à gauche le canal par lequel les pirogues accèdent au village :

Au fond l'église, notre carbet était sur sa gauche :

Petit apéro sympathique avec l'équipe de tournage de Chacun son monde, émission d'Ushuaïa TV (à gauche Cancan, au milieu jus de Prune de Cythère et à droite jus de Cerise du Pays) :

Le midi, une fois revenus de notre escapade, nous avons mangé chez notre hôtesse, qui avait cuisiné pour nous du poulet au citron avec du riz, ainsi que ce dessert, étonnant mélange de noix de coco et d'épices, le tout congelé sur une feuille de palmier :

Le repas terminé, nous avons empaqueté nos affaires et pataugé dans la boue pour rejoindre le bateau sur lequel nous allions découvrir la savane inondée et passer la nuit. Au détour du chemin nous sommes tombés nez à nez avec le troupeau de zébus :

Vue sur le canal permettant d'accéder au village :

 C'est dans la tempête que nous avons embarqué sur le bateau, et nous avons du attendre que le vent se calme pour pouvoir quitter l'abri tout relatif des jacinthes d'eau et moucous moucous qui bloquaient à peu près notre embarcation. Fort heureusement, le temps s'est éclairci légèrement ensuite et nous a permis de découvrir la végétation de la savane inondée et ses oiseaux. Jacanas, aigrettes blanches, moucherolles, urubu ou encore harpie féroce (aperçue aux jumelles), ainsi que les zébus qui sont élevés sur une des berges, nous ont accompagnés lors de notre descente de la rivière. Après un repas à la nuit tombée, c'est aux caïmans que nous nous sommes intéressés. Nous avons ainsi appris à les repérer de loin grâce à la lumière rouge de leurs yeux qui reflètent les lampes-torches, et notre guide nous en a capturé un petit pour que nous puissions l'observer de plus près. Il l'a ensuite remis en liberté, et après quelques instants passés immobile, le caïman s'est enfoncé dans les eaux sombres le temps d'un battement de queue puissant et d'un "plouf" étouffé. Il était presque temps de se chercher un point d'ancrage pour la nuit, et si nous avons encore croisé quelques yeux rouges, nous n'avons pas réussi à en approcher un à nouveau. Un petit passage par la "cabane" des guides sur la rivière, puis nous nous sommes arrimés aux moucous moucous et avons descendu les couchettes du bateau. Bien à l'abri de nos moustiquaires, nous avons alors été bercés par les bruits nocturnes de la forêt tropicale et de la rivière, et notre sommeil n'a été perturbé que par les choeurs des singes hurleurs. C'est un concert indescriptible, sur lequel il est impossible de mettre des mots. Aux heures les plus noires, alors que la pluie s'est enfin arrêtée et que le calme règne, les hurlements s'élèvent, et l'on se réveille, pas tout à fait complètement, mais assez pour avoir conscience de cet instant unique, et pour au matin confirmer avec les autres, d'un ton émerveillé, que non, on n'a pas rêvé.

Caïman :

Aigrette :

 Le "ranch" aux zébus:

Du soleil, enfin!

Savane inondée et forêt...

Nous avons petit-déjeuné sous le soleil revenu, et après une dernière session d'observation des oiseaux, notre guide nous a déposé à l'embarcadère où tout avait commencé la veille, l'esprit encore tourné vers l'envol blanc d'une aigrette, la richesse des sons de la jungle, le clapotement des eaux et la simplicité d'un minuscule village éloigné du monde.

Nos affaires rechargées dans la Clio de compet', nous avons repris la route parsemée de nids de poule, presque en silence. C'est un groupe de singes qui a soudainement traversé devant nous qui nous a ramené à la réalité, et nous avons enfin réussi à localiser la réserve naturelle de Trésor, que nous avions renoncée à trouver le jour précédent après nos multiples échecs. Echecs qui nous ont fait nous sentir un peu stupides devant la simplicité que nous avons eu à la trouver cette fois-ci, à la lumière d'un soleil aveuglant. Nous avons pu alors apprécier de nous réfugier à l'abri des frondaisons des roucous, bois cathédrales, et autres géants sylvestres, le temps d'une promenade avant midi.

 Bois roucou, rendu stable sur les sols superficiels grâce à ses grands contreforts, qui assurent aussi des abris pour les petits animaux :

 Bagui Bagui, surnommé Bois cathédrale à cause de l'aspect de son tronc :

Aperçu du sentier :

Petite crique :

Liane tortue :

Puis nous avons repris la direction de Roura, où nous nous sommes arrêtés à la crique Gabrielle, qui est l'une des criques les plus visitées de Guyane. Le cadre était certes plutôt sympathique, mais je m'attendais à mieux (ou en tout cas, autre chose), et elle ne détrône pour moi ni la crique Canceler, ni la crique Patate, que nous allions découvrir par la suite.