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Mes tribulations au pays des rennes et d'Ikéa!
28 janvier 2019

"Cirque d'Enfer, que les déluges, la tempête Ont modelé, chaos de mornes décharnés Et d'abîme sans fond" [Ozoux]

Jour 4 : 29/12/2018

Cirque de Paradis, où mon âme et mes yeux
Retrouvent un Eden, où les monts glorieux
Érigent dans l'air bleu leurs cimes immortelles !

O cirque, qui confonds le laid et la splendeur,
Pour toi seul, s'uniront, battant comme des ailes,
Éperdument, mon sang, mon esprit et mon cœur !

[Extrait de "Mafate", Louis Ozoux]

 

Reprenons les bonnes habitudes, le week-end démarre tôt! Nous bouclons nos sacs de rando qui allaient devenir notre petite "maison" pour 2 jours, puis nous empruntons à nouveau la route de l'Est, où nous bifurquons un peu avant Ste Suzanne en direction de Salazie, l'un des 3 cirques de l'île, qui en forment le coeur (les 2 autres étant Mafate et Cilaos). Déjà, sur la route encore plate mais tout en virages, la végétation change. Les hautes parois sont recouvertes d'une végétation vert profond ou de chouchous plus clairs, les deux ne laissant que peu de chances d'être vue à la pierre. Cette dernière ne ressort qu'à intervalles réguliers, gris sombre sous blanc, là où les cascades percent les feuillages. L'une d'elle goutte même sur la route, rappelant aux hommes qu'ils ne sont pas rois, et nous faisant fermer les fenêtres. On distingue aussi des orgues en basalte de ci et de là, ces chefs d'oeuvre de la nature.

IMG_2477Salazie, entrée dans le cirque vert

Nous réalisons deux brèves haltes, l'une au célèbre Voile de la Mariée, superbe assemblage de cascades, mais dont je ne comprendrai vraiment la signification du nom que lorsque nous rentrerons le lendemain, en prenant un peu de hauteur. L'autre fait face au Piton d'Enchaing, drôle de mont chauve par endroits, qui occupe le centre de Salazie.

Voile de la mariée01Voile de la Mariée

Piton d'Enchaing02Piton d'Enchaing (à droite sur la photo)

La matinée est chargée puisque nous avons encore 2 objectifs à atteindre avant midi, heure du rendez-vous au col des Boeufs avec nos 2 acolytes. Mare à Poule d'Eau est l'un de ces 2 objectifs. Nous laissons la voiture au bord d'une petite route, et une dizaine de minutes de marche suffisent à accéder à ce havre de paix. Le soleil du matin, bien que déjà brûlant sur nos bras, offre une luminosité incomparable. Quelques autres personnes nous ont précédées, pour photographier, pêcher, ou simplement profiter du week-end en famille. Cela ne trouble en rien le calme qui m'envahit, à la manière de la surface sans défaut de l'eau de l'étang. Profiter, essayer (probablement en vain) de graver ces images mais surtout ces sensations, pour les retrouver plus tard les paupières closes, dans des instants plus noirs.

mare à poule d'eau001

mare à poule d'eau003

mare à poule d'eau005Mare à Poule d'Eau

En voiture à nouveau, pour rejoindre Hell-Bourg, charmant village peuplé de maisonnettes créoles colorées. Nous allons poser quelques questions à l'office du tourisme puis nous visitons rapidement la maison Folio et ses jardins fleuris. Elle donne à voir sur l'architecture et l'organisation interne des maisons créoles. Une visite guidée aurait sans doute permis de compléter davantage cet article, mais nous étions pressées par le temps, et j'apprécie parfois la découverte silencieuse qui laisse place entière à l'imagination (à quoi cela servait? Comment vivaient-ils? ...).

hell-bourg004Hell-Bourg, rue principale

Hell-bourg002Maison créole

IMG_2504Hell-Bourg et ses maisonnettes

maison folio007Maison Folio : fontaine et entrée

L'église, de l'autre côté de la rue, nous appelle à notre sortie. Une nouvelle fois, je suis marquée par la blanche sobriété de l'intérieur, rehaussée de splendides vitraux qui filtrent la lumière du soleil dans des teintes éclatantes. Ils ne représentent aucune scène religieuse, tout comme l'église ne croule pas sous les Christs crucifiés et les peintures dorées, mais au fond, a-t-on besoin de décors fastueux pour exprimer la foi?

église hell-bourgEglise de Hell-Bourg

Nous passons à la boulangerie acheter du pain pour nos sandwiches du midi, et en profitons pour déguster un macatia chocolat (sorte de boule de pain aux pépites de chocolat) assises en terrasse.

macatia chocolatMacatia chocolat

C'est là que Candice se rend compte qu'elle n'avait pas désactivé le mode avion de son téléphone, et qu'un message de Chloé l'attendait, nous informant qu'ils pensaient partir plus tôt que prévu de St Pierre. Nous avalons donc rapidement la fin du macatia pour prendre la petite route sinueuse et pentue du col des Boeufs. Cela ne nous empêche pas de nous arrêter prendre quelques photos de la vue pendant la montée, et de finir de préparer notre pique-nique.

IMG_2506Vue sur Salazie

IMG_2507Le long de la route du col des Boeufs

La brume est déjà bien installée lorsque nous arrivons sur le parking, payant mais sécurisé, qui sera notre point de départ (Vous pouvez vous garer avant et ne pas payer, mais nous avons préféré l'option surveillée). Nous aurons tout de même profité d'une belle vue sur Salazie en montant. Derniers petits réglages logistiques dans la fraîcheur, et nous sommes rejointes par Chloé et Kévin. Il est temps de débuter ce jour et demi de rando, sous une légère bruine lorsque nous attaquons d'un bon pas la piste qui conduit au container, point de repère et porte d'entrée dans le cirque de Mafate. L'itinéraire commence par une longue descente, d'abord abrupte, puis plus douce, vers la plaine des Tamarinds. Cela lance la thématique du week-end : les marches! Hautes, basses, rocheuses ou en bois, des marches et des marches et des marches. J'apprends dès lors que ce que nous avons descendu, nous le remontrons dimanche pour rentrer. Cela me laisse un peu de temps pour me préparer psychologiquement ^^

IMG_2510Rempart délimitant la frontière Salazie/Mafate

IMG_2512En se retournant : là-haut, le col des Boeufs

IMG_2516Un bout du sentier dans la descente vers la plaine des Tamarinds : des airs de La Comté ou d'une forêt elfique ?

La plaine des Tamarinds en elle-même vaut le détour, comme tout ce que j'ai pu faire à la Réunion jusqu'à présent. Les arbres aux troncs argent, tordus et agrémentés de feuilles vert clair, surplombent des tapis de joncs et de graminées émeraude, preuves qu'une humidité chronique doit y régner, même si nous n'avons pas à en souffrir. Nous pique-niquons dans cette forêt enchantée, à quelques pas d'un troupeau de petites vaches que nous avons découvert en repartant.

plaine des tamarins001

plaine des tamarins003

plaine des tamarins005

plaine des tamarins006

Une bonne partie du trajet jusqu'à Marla se fait encore en descente, raide et en escaliers, qui débouche sur un fond de vallée encaissé où coule une rivière.

Vue sur MarlaVue sur Marla depuis la descente

IMG_2527Dans la descente

IMG_2528La rivière

Nous remontons gentiment vers notre destination, et le poids du sac ainsi que les contraintes musculaires et articulaires d'une longue descente pleine de marches se font ressentir à la randonneuse pédestre débutante (ou presque) que je suis. L'ambiance dans le cirque n'en est pas moins extraordinaire, sauvage malgré les gens que nous croisons, toujours aimables et souriants, et tranquille à la fois. Il s'en dégage une force née de la terre encore jeune, du vent et du ciel, accentuée par les nuages qui jouent avec le soleil et non-gâchée par l'Homme.

A Marla, tout petit ilet (prononcez "ilette" ;)), qui comme le reste du cirque n'est accessible qu'à pied ou en hélicoptère, nous rencontrons tout d'abord une procession de gens bien habillés devant l'église (modeste maison de fer et de tôle surmontée d'une croix de bois), ainsi qu'un prêtre. Une petite fille tout apprêtée est amenée, portée par un de ses parents. Nous en déduisons qu'il s'agit d'un baptême. L'église se situe en contrebas du centre de l'îlet, et nous continuons donc notre montée à contre-courant d'un défilé d'hommes en chemise et de femmes en robe de soirée tenant leurs chaussures à talons dans les mains, spectacle assez incongru au milieu des randonneurs poisseux en tenue de sport. Nous marquons une pause indécise à côté du snack "Chez Jimmy" : Taïbit ou pas? Entre l'heure et la météo, le-dit Taïbit étant noyé dans le brouillard, nous choisissons d'attendre à Marla le reste du groupe, arrivant de Cilaos justement par le Taïbit. Nous faisons le tour du village, ce qui ne nous prend pas trop de temps puisqu'il s'agit davantage de maisons et de gîtes éparpillés dans la pente douce qu'un véritable hameau. Nous passons quelques minutes au pied du Taïbit, à observer La Nouvelle, notre destination du lendemain, le plateau Kerval où nous sommes censés bivouaquer, et le col des Boeufs, réduit à un petit "V" dans la montagne au loin, marqué d'un point blanc (le container).

Col des boeufs vu depuis MarlaCherchez le col des Boeufs ;)

Marla001Marla 1

Marla003Marla 2

Nous patientons ensuite chez Jimmy autour avec une bière, et en tentant d'initier Candice à la belote, tentative avortée par la pluie qui s'invite sans prévenir. L'autre moitié du groupe finit par nous rejoindre sous des trombes d'eau. Trempés de la tête aux pieds, ils se changent sommairement et achètent des boissons chaudes, et là débute l'attente, dos voûté et sacs sur les pieds, recroquevillés sous nos parasols qui sont un bien faible abri. Le temps passant et la pluie redoublant après une seule brève accalmie, nous comprenons que le bivouac à Kerval va être plus que compromis.

WP_20181229_17_21_42_ProIl pleut.

WP_20181229_18_03_18_ProLes sacs à l'abri

Nous enchaînons donc un peu les tournées, avec l'idée de planter nos tentes à côté du snack, sous les filaos, dès que les cieux nous accorderont un répit. Nous réussissons à nous mettre un peu plus au sec à l'intérieur suite au départ d'un groupe, jusqu'à 19h, lorsqu'il faut céder la place aux gens qui ont réservé leur repas. J'enfile personnellement avec bonheur mon pantalon de montagne, abandonnant mon short et gagnant ainsi un peu en chaleur (si c'est l'été et que le littoral étouffe, avec l'altitude et l'humidité, le frais se fait ressentir). Nous nous armons de courage pour aller monter les tentes sous quelques gouttes persistantes, mais le temps semble vouloir se calmer avec la tombée de la nuit. Nous squattons une table extérieure du snack pour le repas du soir et une folle partie de rhum-Jungle-Speed, qui se conclura à regarder les myriades d'étoiles piquetées sur un velours noir, en écoutant de la musique. Nos nombreux voisins décident de prolonger la soirée, mais comme nous voudrions faire le Taïbit le lendemain matin avant de partir pour La Nouvelle, nous optons pour la voie de la sagesse en allant nous coucher relativement tôt.

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Mes tribulations au pays des rennes et d'Ikéa!
  • Stagiaire pour 5 mois à Uppsala en Suède, je vous propose de découvrir avec moi ce pays et de plonger un peu dans mon quotidien :) ça c'est ce qui était prévu à la base, j'en profite maintenant pour vous faire part de tous mes voyages!
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