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Mes tribulations au pays des rennes et d'Ikéa!
13 août 2019

"Giflant. Cinglant. Usant la pierre. Frappant. S’infiltrant. Déchaînée." [Granek]

Jour 9 (03/01/2019)

Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.

Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.

Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.

Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire …

["Evasion", Esther Granek]

 

 

Jour de récupération ne veut pas dire journée inoccupée :) A partir d'ici, j'écrirai avec ma simple mémoire, puisque je n'ai pas pris le temps de coucher sur papier la fin de mon séjour, au contraire de tous les articles que j'ai publiés précédemment. Ainsi le texte sera peut-être un peu plus court ^^" Et pour la première activité de ce 03 janvier, je n'ai même pas de photo à vous montrer, car emporter un appareil électronique sur un zodiac pour aller se mettre à l'eau avec des cétacés n'est pas franchement recommandé... Je peux par contre vous inviter à suivre la page Facebook ou l'Insta du moniteur diplômé qui nous a accompagnés, et qui fait de splendides photos de ses plongées, que ce soit dauphins, baleines, ou autres poissons et coraux : Vision Neptune (https://www.facebook.com/visionneptunereunion), et Plongée Péï pour ceux qui souhaiteraient plonger avec lui, je recommande ;)

Pour rentrer dans le vif du sujet, vous l'aurez compris, nous sommes parties tôt ce matin-là pour une sortie observation des dauphins au large de St Gilles. Mais bien entendu, Candice ne nous a pas réservé une place sur un gros bateau touristique d'où l'on peut "seulement" apercevoir les animaux depuis le pont, mais une matinée plus intime (nous étions un groupe de 6), et qui devait nous permettre de nous mettre à l'eau avec les mammifères marins. Nous arrivons les premières au point de rendez-vous à 7h45, et je fais la connaissance de David, notre accompagnateur. Les autres inscrits nous rejoignent assez rapidement, le temps de s'enduire de crème, de mettre les combinaisons et d'écouter la mise en garde de notre moniteur, à savoir qu'il n'y a pas de garantie que nous trouvions les dauphins, ce qui est le lot de la nature, et nous voilà à bord. La version "moins touristique" n'implique pas toujours un grand confort, mais on oublie vite que l'on est balloté par le ressac à grande vitesse assis sur un boudin, aggripé à une poignée en caoutchouc, lorsque l'on se concentre pour repérer un aileron gris, ou que l'on suit des yeux la course éclair et scintillante d'un poisson volant, ou encore que l'on admire le jeu d'eau d'un souffleur. Le temps passe, nous longeons la côte sans apercevoir l'ombre d'une queue de dauphin, et je commence à me dire que même si nous n'en trouvons pas, la balade est tout de même sympathique et me permet de découvrir l'île avec un autre point de vue que celui que j'ai eu jusqu'à présent. Mais la chance nous sourit, et l'un de nous repère soudain les silhouettes tant recherchées. Avec un peu de fébrilité, je me prépare avec les autres à ma 1ère mise à l'eau pendant que David nous donne ses consignes : descendre du zodiac doucement et rester groupés près de la bouée (dont je vais hériter). A peine dans l'eau, je plonge mon masque à temps pour voir passer juste en dessous de moi un banc de dauphins (ma mémoire me trahit, je ne me rappelle plus s'il s'agissait de long-bec ou de tursiops, David nous ayant pourtant bien expliqué les différences entre les 2...) dans le grand bleu (je comprends enfin parfaitement cette expression, qui décrit la toile marine, profonde, un peu trouble, et percée de rayons lumineux). Je ne saurais que vous décrire combien on se sent petit, en plein océan, avec comme armes un masque, un tuba et des palmes au-dessus de dizaines de mètres de fond, mais aussi privilégié de contempler dans leur milieu ces princes joueurs, de les voir filer avec puissance et sauter dans les vagues avec facilité, d'entendre sous l'eau leurs cris si caractéristiques mais que je ne connaissais qu'à travers Flipper... Nous ferons en tout 3 mises à l'eau (la partie la plus dure étant la remontée à bord ^^), et nous serons rejoints par les bateaux touristiques dès la 2ème, gâchant un peu l'impression d'être seuls au monde, mais qui ne nous auront pas gênés outre mesure.

Je suis loin d'être une folle aventurière (nous en reparlerons un peu plus tard ^^), je n'aime pas spécialement nager quand je n'ai pas pied, quand je ne vois pas le fond, et j'aurais bien du mal à supporter le fait d'être plongée sous pression dans une énorme masse d'eau avec une pauvre bouteille d'oxygène comme ligne de vie (même si en l'occurrence nous n'avions qu'un masque, un tuba et des palmes car nous restions en surface), mais cette sortie était au-delà de tout ça. Je n'ai même pas pensé une seule seconde aux requins, ou plutôt cela ne m'est venu à l'esprit qu'au retour, quand Candice m'a posé la question. Je garde en mémoire cette lumière si vive du soleil sur l'océan, le vent salé qui rugit dans les oreilles lorsque le bateau fend les vagues, ces animaux sauvages que l'on ne voit que dans les documentaires ou enfermés, et au milieu desquels nous avons eu l'honneur de nous trouver, le bleu du ciel qui se fond dans celui des flots à hauteur des yeux d'un côté, la pente douce du rivage vert ponctué d'habitations de l'autre, et un encadrement professionnel et passionné. Ce n'était pas forcément un rêve de petite fille de nager avec les dauphins, mais ça a été une réalité fantastique pour la jeune adulte que je suis, et que je n'aurais jamais imaginée 1 mois auparavant.

Il est encore loin d'être l'heure de manger lorsque nous regagnons le port, rendons nos combinaisons et remercions un David un peu contrit par la noyade de son appareil photo. Nous nous dirigeons donc vers le musée de Villèle sur les hauteurs de St Paul, et qui était fermé la semaine précédente. Le musée est une ancienne demeure bâtie du temps de la colonie, qui appartenait à une famille de propriétaires terriens exploitant des esclaves. Lorsque nous nous garons, ce sont les nuances grises et noires des ruines de l'ancienne usine à sucre, abandonnée en 1920 après environ un siècle de fonctionnement reposant sur l'utilisation de la vapeur pour extraire le sucre de la canne. Nous descendons les jardins vers la bâtisse, où nous prenons nos tickets pour la visite guidée.

IMG_2731Vue sur le corps principal du domaine depuis le chemin qui arrive du parking

IMG_2733Petites fleurs blanches tombées des arbres sur la pelouse bien entretenue

 

Notre guide nous entretient avec un assez fort accent créole de l'histoire de l'esclavage bourbon mêlée à celle Madame Desbassayns et sa famille au fur et à mesure des salles, ajoutant des anecdotes sur la vie quotidienne à cette époque. J'avoue que la chaleur, l'importance du groupe, et le ton un peu bas et monocorde ne m'incitent pas à la concentration la plus intense, et je profite davantage de la vue que je ne retiens le discours, si ce n'est la partie sur les conditions de vie des esclaves. L'humanité m'étonne toujours par tous ses travers qui se répètent dans le temps, et notamment celui d'exploiter sans scrupule des membres de sa propre espèce malgré l'intelligence qu'elle revendique. Ecouter ces récits vieux de plusieurs siècles et savoir qu'aujourd'hui dans le monde ils se reproduisent me plonge ainsi invariablement dans une réflexion qui fait écho aux cours de philo sur la nature de l'Homme...

IMG_2735Le corps principal dont la façade donne sur la côte

 

WP_20190103_11_30_48_ProIntérieur de la maison

 

 

La visite guidée se termine, et nous déambulons d'abord au dernier étage dans l'exposition réalisée par des écoles et collèges, constituée de portraits d'esclaves et de témoignages audios, puis dans les jardins. Nous finissons par l'usine à sucre face au parking, tentant de l'imaginer tournant à plein régime, de deviner à quoi servait telle ou telle partie, avant de nous attabler au snack proche du musée.

IMG_2736

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WP_20190103_11_51_29_ProPhotos des jardins

 

ruines sucrerie001

ruines sucrerie006

ruines sucrerie007

ruinessucrerie005Les ruines de la sucrerie

En redescendant, nous nous arrêtons acheter des mangues pour faire de la confiture, dans un magasin ouvert qui propose des mangues à jus à prix cassé (les mangues étaient venues mûres très vite et en grande quantité, et beaucoup de producteurs se retrouvaient à ne pas pouvoir les ramasser ou les commercialiser au bon stade), qui feront parfaitement l'affaire pour ce que nous avons prévu. Nous passons l'après-midi tranquillement sur la plage à Boucan, le hamac tendu entre 2 arbres, à bouquiner et faire des mots croisés, puis nous rentrons nous atteler au pelage, découpage et à la cuisson de nos kilos de mangues, ainsi qu'à la préparation des affaires pour nos 2 jours à Cilaos.

WP_20190103_18_57_23_Pro

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Commentaires
Mes tribulations au pays des rennes et d'Ikéa!
  • Stagiaire pour 5 mois à Uppsala en Suède, je vous propose de découvrir avec moi ce pays et de plonger un peu dans mon quotidien :) ça c'est ce qui était prévu à la base, j'en profite maintenant pour vous faire part de tous mes voyages!
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