"Au vent, à l’éclair, à la flamme Je veux, je veux mêler mon âme !" [Lacaussade]

Jours 10 et 11 (04 et 05/01/2019)

Ah ! devant ton profil austère
Combien de siècles ont passé !
Sur ton granit que rien n’altère
Le pas du temps s’est effacé.
Que de jours de calme et d’orage,
Et de trombe et d’ardent mirage,
Et de tourmente et de naufrage,
Pour ton œil séculaire ont lui !
Tempête, ombre, aquilon, lumière,
Tout rentra dans la nuit première ;
Mais toi, dans ta stature altière,
Tu fus alors comme aujourd’hui.

Alors comme aujourd’hui les rougeurs de l’aurore,
Et la pourpre des soirs que l’ombre décolore,
Sur ta tête de neige ont répandu leurs feux ;
Et quand l’aube ou la nuit vint sourire à la terre,
Dans le vide étoilé tu brillas solitaire,
Comme un phare aux reflets doux et mystérieux.

Alors comme aujourd’hui de tes rochers arides
Tu versas dans nos bois la nappe aux eaux limpides ;
Et défiant toujours le vent dévastateur,
Et drapant tes flancs nus du manteau des nuages,
Adamastor des monts et trônant sur les âges,
Tu levas dans les cieux ton front dominateur.

O colosses de la nature,
Pics d’inaccessible hauteur,
Dont l’inébranlable structure
Brave l’ouragan destructeur !
Blocs altiers, masse indéfinie,
Gouffres, chaos, dés harmonie,
Que la main d’un fatal génie
Sema dans ces lieux écartés ;
Gerbes d’éclairs, sombres nuages,
Nids fulgurants d’où les orages
S’élancent en éclats sauvages
Au sein des monts épouvantés ;

Torrent, gouffre, océan, tempête,
Emportez-moi dans vos terreurs,
Car j’aime à sentir sur ma tête
Passer le vent de vos fureurs !
J’aime à contempler vos abîmes,
A mesurer vos hautes cimes,
A suivre vos houles sublimes,
A me remplir de votre effroi !
Au vent, à l’éclair, à la flamme
Je veux, je veux mêler mon âme !
Mon âme en tes grandeurs t’acclame,
O nature ! et grandit en moi.

[Extrait de "Le Piton des Neiges", Auguste Lacaussade]

Cilaos, dernier des 3 cirques et dernier déplacement pour moi à la Réunion... Nous partons (pas très tôt) le 4 janvier, et prenons notre temps sur la route, qui est sans doute la pire que j'ai eu à emprunter de mon séjour. Si le périple commence plutôt facilement en longeant un large lit rocailleux, coincé entre des parois à pic, nous ne tardons pas à grimper au flanc de ces parois, et il n'y a guère de répit entre les virages en lacets, les montées, et le vide vertigineux sur l'un ou l'autre côté. Je me suis plus d'une fois étonnée de la prouesse que représente le fait de faire passer une route à certains endroits, et encore plus d'y croiser des bus (!). Toujours est-il qu'il faut avoir le coeur bien accroché, même pour quelqu'un qui n'a pas tendance à être malade en voiture, pour pouvoir apprécier le paysage montagnard qui se dévoile au fur et à mesure de l'ascension...

2 aperçus du début de la route direction Cilaos

Quelques paysages en route...

Vue sur Palmiste Rouge

Nous faisons une petite pause au-dessus de Palmiste rouge, puis continuons d'une traite pour atteindre Cilaos en début d'après-midi. Les nuages se sont déjà invités, mais l'ambiance de la petite ville me rappelle un peu celle des Alpes... Nous nous installons pour déjeuner au bord d'un étang aux eaux verdâtres, et Candice confirme mon impression en me faisant deviner que Cilaos est jumelée avec Chamonix. Qui se ressemble s'assemble ;)

Nous trainons un peu autour de mots croisés, puis nous décidons de faire un petit tour de la ville. Il faut aussi que je m'occupe des souvenirs à ramener. Cilaos présentant des boutiques artisanales ou vendant des produits locaux, et le temps n'étant pas favorable à une longue randonnée, nous parcourons depuis l'église la longue rue principale bordée de commerces pour un premier repérage. La pluie s'invite mais ne nous gêne guère pour flâner dans les ruelles plus résidentielles, où se succèdent les charmantes maisons créoles colorées. Candice essaye encore de me convaincre de rester en insistant sur les biens à vendre ^^

Vue sur la rue principale depuis le bas de l'église

Pub pour la Dodo

Pont décoratif

Maisons créoles

Avant de redescendre pour effectuer mes achats, nous passons repérer le gîte, qui se trouve tout en bas d'une petite rue calme. La propriétaire est d'une grande gentillesse, et le gîte (gîte de la Chapelle) est récemment rénové et confortable. Nous repartons donc chercher la voiture, toujours garée près de l'étang, et sur le chemin j'achète chocolats au curcuma et au gingembre pour le bureau (les chocolats Coeurcuma, délicieux!), des confitures après dégustation (patate douce, ananas, thé blanc), sachets pour rhum arrangé, et autres souvenirs pour les amis et la famille. Nous allons poser nos affaires au gîte, prendre une douche et nous poser un peu (bien que la journée n'ait pas été très active ^^"). Nous croisons les autres occupants, qui partent en rando le lendemain, pour le Piton des neiges ou bien pour plus court. Nous choisissons ensuite un restaurant pour goûter aux spécialités locales. L'accueil n'est pas extraordinaire, et il nous faut régler quelques problèmes d'éclairage en pleine tête, mais le décor est sympathique, très végétalisé. Je commande des saucisses/lentilles de pays et en accompagnement nous prenons du vin de Cilaos, du rouge et du blanc. Le blanc ne me fait pas mauvais effet, le rouge se laisse boire, et les saucisses/lentilles, ma foi ce sont des saucisses/lentilles, présentées comme une mare autour d'un îlot de riz...

Nous ne nous couchons pas trop tard, et nous levons assez tôt pour partir faire la rando de Bras Rouge, en s'arrêtant à Roche Merveilleuse avant, ce qui nous fait également passer devant l'usine d'embouteillage de l'eau de Cilaos. Le temps est parfaitement dégagé, et je peux ainsi découvrir les montagnes qui entourent Cilaos, dont le Piton des Neiges, qui surplombe l'église. La Roche Merveilleuse offre un panorama splendide sur la ville, que nous passons un peu de temps à scruter, baignées par les rayons du soleil matinal.

Le 4 janvier, l'église et les nuages cachant le Piton des Neiges...

...Le 5 janvier au matin, la vue est plus dégagée ;)

Le Piton des Neiges... pour une prochaine rando :)

Le Taïbit et le Nez de Boeuf

Cilaos, depuis Roche Merveilleuse

Panorama Roche Merveilleuse

Puis il est temps de se lancer dans une activité un peu plus sportive : direction la cascade de Bras-Rouge! Nous descendons en laissant l'église derrière nous jusqu'à une première rivière et ses petites chutes (la Ravine Ferrière), le sentier étant parsemé de très beaux points de vue sur le cirque, encore différent du Mafate sauvage ou du verdoyant Salazie.

Tunnel sur le sentier

Paysages...

Ravine Ferrière

Nous arrivons à la cascade de Bras Rouge, que l'on entend avant de voir... Il faut en effet s'approcher prudemment sur les grandes plaques glissantes pour distinguer l'eau qui jaillit plus bas de la roche, à la verticale et en un millier de gouttelettes, laissant apercevoir un furtif arc-en-ciel en fonction de l'orientation de la lumière. Sur notre droite, un autre cours d'eau, celui que nous avions traversé précedemment, se jette plus doucement dans le bassin. Nous nous asseyons et passons quelques instants à admirer cette merveille de la nature, bercées par le chant de l'onde.

Comme la randonnée est relativement rapide, nous décidons de tenter de trouver Bassin la Roche, dont la gérante du gîte nous avait parlé la veille. On y accède normalement par un sentier marron, que nous aurons bien du mal à trouver. Nous remontons d'abord direction l'îlet à Cordes, Candice suivant les indications de son téléphone, mais nous manquons "l'énorme rocher", "les 2 filaos" et le "replat", descriptifs qui peuvent s'appliquer à pas mal de parties du chemin... Nous montons et montons, jusqu'à nous dire que nous sommes allées trop haut. Nous finissons par trouver l'entrée du sentier, qui était effectivement bien plus bas, mais là les indications de randopitons ne nous aident guère plus. Le secteur est plein de ravines, de sentes à pic empruntées par les canyoneurs, d'éboulis de pierre et d'arbres, et nous ne parvenons pas plus à trouver notre chemin que l'autre groupe de jeunes que nous croisons. Nous atteignons les limites de mon esprit aventurier et renonçons à trouver le bassin. Nous restons un peu frustrées, et Candice reviendra bien plus tard avec Marc, qui réussira sans souci là où nous avons échoué. Nous remontons vers la voiture et Cilaos, profitant malgré tout de la vue et du beau temps.

Début du sentier vers Bassin la Roche

Candice à la recherchedu bon chemin...

Le retour nous donne à voir plusieurs plans de l'église de Cilaos au loin

Un petit canard à la vanille bien mérité plus tard, et nous voilà reparties sur la route aux 400 virages, pour regagner Saint Denis.

Mieux que les lentilles/saucisses ;)

Nous prenons une dernière fois la route du littoral, l'occasion de s'arrêter sur la plage de sable noir d'Etang Salé, au Gouffre, au Souffleur, et à Pointe à Sel, ainsi qu'une toute dernière baignade à St Leu au milieu des poissons exotiques...

Etang Salé

Le Gouffre, où les eaux rugissantes se déversent dans un étroit chenal de roches volcaniques

Le Souffleur

Plage de St Leu

Pointe à sel

De retour à Saint Denis, nous terminons la journée par la confection de gâteaux pour le pique-nique du lendemain au Colorado avec la famille de Marc... Et moi-même par ma valise, puisque le séjour s'achève...